vendredi 30 juillet 2010

Retour sur le G20

Lors du G20 d’avril 2009, une entente était intervenue pour confirmer la poursuite d’injection de 5000 de milliards de dollars US dans l’économie capitaliste avant la fin de 2010. Cette politique inefficace des états capitalistes a entraîné un endettement que le classe ouvrière doit payer. C’est ce qui est commencé en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Islande, en France, en Hongrie en Irlande et en Californie.

À peine 16 mois plus tard, le G20 de Toronto a montré que la bourgeoisie est toujours incapable de trouver une solution à la crise.

Après tout le battage publicitaire des médias bourgeois sur cette rencontre des crapules capitalistes de vingt pays, le G20 a montré que la bourgeoisie mondiale était divisée sur les solutions à court terme de la crise capitaliste. Des pays européens comme la France et l’Allemagne ont mis de l’avant la taxation des banques en vue de constituer un "fond de résolution" des crises financières. Ils ont reçu l’appui d’ATTAC, une association pour la taxation des transactions financières qui voudrait maintenir le capitalisme en imposant ce type de taxe. Quant à l’état canadien représenté par Harper, il s’est opposé férocement à ce type de taxe. Les banques canadiennes ayant été moins frappées par la crise financière que les autres banques du monde ont trouvé en Harper un fidèle chien de garde. Son cheval de bataille a été la lutte contre le déficit auquel doivent s’attaquer les dirigeants du G20, déficit qu’il faudra réduire d’au moins 50% d’ici 2013. Il a déjà été suivi sur ce chemin par la France et l’Allemagne. Réduire le déficit pour une crapule bourgeoise comme Harper, c’est lancer des plans d’austérité qui vont baisser le niveau de vie de la classe ouvrière. Cela n’a pas empêché l’intention de son gouvernement d’acheter 65 avions militaires F-35 au coût de 9 milliards de dollars canadiens sans compter les milliards de plus pour l’entretien des appareils. Selon Michel Fortmann, directeur du Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale, « le F-35 est un avion de combat prévu pour des conflits de nature industrielle et de haute technologie ». La Presse, samedi 17 juillet 2010. Quant à Yves Bélanger, directeur du Groupe ressource sur l’industrie militaire et la sécurité à Montréal estime que « cette politique affirme que le monde est devenu incertain et qu’il faut se préparer à intervenir à l’étranger ». Idem

Le Canada comme les autres pays préparent la guerre pour régler la crise du capitalisme.

Les Etats-Unis, quant à eux, veulent toujours que l’État aide les capitalistes, c’est-à-dire maintienne son plan de sauvetage des institutions financières sans lancer de programme d’austérité. Il faut dire que l’utilisation du dollar comme principale monnaie mondiale d’échange combinée à la chute de l’euro sert à camoufler l’énorme dette américaine. L’État a aussi augmenté son budget militaire de 3,4% par rapport à l’année précédente soit un montant global 704 milliards US montant qui est du même ordre que le plan de sauvetage. La classe ouvrière américaine en paie le prix, dans plusieurs secteurs et territoires, son niveau de vie est comparable à celui des années 30.

Les manifestations aux G20 sont loin d’être une menace réelle pour le capitalisme.

Le mot d’ordre des maoïstes et de groupes anarchistes de « chercher à annuler le sommet du G20, ou du moins de le perturber significativement, en s’approchant des lieux de négociation passe minimalement par faire sauter leur clôture et pénétrer leurs périmètres de sécurité le plus loin possible » était à tout à fait ridicule. Il attirait les médias avec du sensationnalisme et surtout il détournait l’attention du prolétariat des divergences entre les différentes puissances. Comme indiqué plus haut la bourgeoisie du monde entier n’a pas de solution pour régler la crise si ce n’est de la marche vers la guerre mondiale.

Après l’écrasante répression des manifestants, le PCR maoïste parle d’une « grande victoire populaire » (sic), pour que, ses héros (ou zéros) maoïstes puissent se pavaner en martyrs dans les réunions de leur « parti ». « Grande victoire populaire » avec près de 1000 arrestations et une confusion extrême sur l’enjeu d’une véritable lutte contre le capitalisme. Loin de parler de la classe ouvrière comme classe révolutionnaire les maos parlent du vrai monde.

Ce type de manifestation confirme que cette opposition est divisée et parcellisée en groupes identitaires (Autochtones, gays, syndicats, pacifistes, gauchistes, antiracistes, queers, etc.)

S’il faut parler de victoire, ce sont celles des forces de sécurité et de répressions qui ont empochées un milliard et fichées près de 1000 personnes. Cela a aussi eu comme résultats chez plusieurs manifestants et groupes de demander plus de démocratie bourgeoise par une demande d’enquête publique comme si l’État canadien ou ontarien était neutre.

Pour les internationalistes, la révolution n’est pas l’affaire d’une poignée d’individus aux méthodes cryptiques qui prendraient en main la patente révolutionnaire au nom d’une classe – dans un aventurisme fait d’intrigues, d’actions symboliques et de manœuvres politiques – mais bien l’affaire d’une classe majoritaire guidée par les mots d’ordre de son parti révolutionnaire. On ne pourra détruire le capitalisme sans un programme véritablement révolutionnaire qui vise l’abolition du travail salarié, des frontières et de l’argent. Un parti internationaliste basé sur un tel programme est à créer.

Des Communistes Internationalistes, Montréal. Le 23 juillet 2010

mercredi 21 juillet 2010

Le SCRS visite des communistes internationalistes

Dans la nuit du jeudi 1er juillet 2010, un engin explosif a soufflé un centre de recrutement de l’armée canadienne, situé à Trois-Rivières. L’attentat revendiqué par un groupe obscur du nom de Résistance Internationaliste fait suite à deux autres attentats de la sorte perpétrés sur une période de 6 ans; le premier ayant été commis en 2004 sur un Pylône d’Hydro-Québec; et le deuxième, en 2006, avait fait exploser la voiture d’un porte-parole de l’industrie pétrolière.

Il y a en effet peu de groupes au Canada qui se revendiquent de l’internationalisme prolétarien, et encore moins portant l’épithète « internationaliste » – produit du marxisme le plus orthodoxe – au sein de leur nom. Les communistes internationalistes que nous sommes font donc partie de ce dernier lot. Nul besoin n’est de rappeler que deux et deux font quatre.

C’est ainsi que le 9 juillet passé, les Communistes Internationalistes (Montréal), alias Klasbatalo, ont reçu la visite de deux agents du Service Canadien de Renseignement et de Sécurité, l’agence de contre-espionnage fédérale qui est le pendant canadien de la CIA américaine. Les deux hommes sont venus expressément chez un de nos membres pour soutirer des informations concernant l’attentat perpétré par Résistance Internationaliste.

Comment se comporter dans ce genre de situations

Après avoir épluché les fichiers de la police secrète tsariste (l’Okhrana) suite à la Révolution Russe de 1917, Victor Serge avait publié son petit fascicule Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression. L’ouvrage se voulait une appréhension générale des méthodes employées par la police pour filer, intercepter, ficher, interroger, intimider, tout militant révolutionnaire susceptible de représenter une menace à l’ordre établi « car la défense capitaliste emploie partout les mêmes moyens ; car toutes les polices, d’ailleurs solidaires, se ressemblent. » (V. Serge). Il mettait ainsi à la disposition des révolutionnaires un guide pour contrer les tactiques policières.

Notre militant a su agir avec la circonspection nécessaire dans ce genre de situation : ne leur ouvrir aucune porte, ne rien laisser glisser dans la conversation, et feindre l’ignorance la plus crasse. Les deux agents du SCRS voulaient à la fois des informations concernant le groupe terroristes Résistance Internationaliste, et cherchaient également l’aide de notre militant pour identifier les groupes utilisant la violence. Un grand ménage au sein du gauchisme canadien, quoi!

Notre militant ne les a donc pas invités à rentrer chez lui, les laissant poireauter sur le seuil de la porte (seuil psychologique à laisser fermer). Les laisser entrer c’est ouvrir la porte à la discussion et à possiblement se mettre un pied dans la bouche. Il faut savoir que les enquêteurs de ce genre d’agences policières sont mieux formés que la plupart des révolutionnaires pour diriger subtilement une conversation. C’est donc tout simplement après leur avoir demandé s’ils avaient un dossier à son nom qu’il leur a clairement indiqué qu’il n’avait rien à dire et leur a refermé la porte au nez.

Même s’il s’agit d’un groupe à dénoncer, avec lequel il n’a rien en commun, qui est carrément ennemi (par exemple un groupe d’extrême-droite), un militant révolutionnaire ne doit pas collaborer avec la police. Ce n’est pas qu’une question de principe, c’est aussi sa propre sécurité personnelle qui est en cause; car ce qu’il pourra dire peut être sujet à interprétation et se retourner rapidement contre lui. La règle d’or demeure toujours le silence.

D’ailleurs, tout aussi récemment, lors des protestations entourant le G20, plusieurs jeunes militants ont fait les frais de l’intimidation policière. Pour le militant aux mains de la police, il est important de savoir qu’une méthode employée par ceux-ci est la menace : de viol, de sévices corporels, de meurtre (sic)!, vous seront aussi probablement confisqué, certains de vos effets personnels qui iront meubler les étagères de la bibliothèque d’un ou deux policiers, et donc que vous ne reverrez pas! La règle d’or demeure la même dans ces circonstances : si on vous le permet, communiquez immédiatement avec votre avocat et ne dites rien. Le moins d’interactions possible – le moins de faciès possible – face à la police vous permettra probablement de mieux vous en sortir que le militant qui jacasse, pleure, et semble terrorisé.

Tout militant devrait être prêt à faire face à ce genre de situations et savoir comment se comporter dans tel cas; car la voie révolutionnaire n’est pas un jeu : c’est un engagement de longue haleine qui se doit d’être conscient.

Concernant Résistance Internationaliste et le terrorisme en général

En premier lieu, mettons les choses en perspective : l’internationalisme est une appellation propre au mouvement révolutionnaire ouvrier issu du marxisme. L’internationalisme est une des pierres angulaires de la théorie marxiste qui reposent essentiellement sur l’unité de classe et la solidarité sans frontière… Contre les divisions nationales et corporatistes dans lesquelles le prolétariat est empêtré. Aussi, face aux conceptions bourgeoises de l’État et de la Nation, il oppose son parti de classe international et son programme internationaliste dont l’objectif est la révolution. Contre les guerres nationales, il oppose donc le défaitisme révolutionnaire et la guerre de classes.

En second lieu, précisons d’emblée que le marxisme orthodoxe a toujours rejeté le terrorisme et les intrigues politiques qui n’ont absolument rien à voir avec le défaitisme révolutionnaire et la guerre de classes : que ce soit la propagande par le fait des syndicalistes révolutionnaires du 19ème siècle, le banditisme anarchiste, ou les manipulations bakouniniennes au sein de la Première Internationale; pour les marxistes, pour les internationalistes donc, la révolution n’est pas l’affaire d’une poignée d’individus aux méthodes cryptiques qui prendraient dès lors en mains la patente révolutionnaire au nom d’une classe – dans un aventurisme fait d’intrigues et de manœuvres politiques – mais bien l’affaire d’une classe majoritaire guidée par les mots d’ordre de son parti révolutionnaire. Les internationalistes, catégorie d’individus appartenant au prolétariat dont la conscience de classe est la plus avancée, rejettent ipso facto les méthodes d’action terroristes.

Ainsi, Résistance Internationaliste, qui n’a d’internationaliste que le nom, utilise des méthodes étrangères au prolétariat. Le terrorisme est, et restera toujours, une expression de la bourgeoisie[1]. Le terroriste prend en otage autant les fractions de la bourgeoisie qui l’oppose que le prolétariat dans son ensemble. Son arme est la terreur, peu importe les victimes laissées derrières, toutes classes confondues.

Résistance Internationaliste utilise d’ailleurs deux termes qui s’opposent mutuellement : résistance et internationaliste. La résistance n’est pas le fait du prolétariat révolutionnaire. En effet, celui-ci n’a aucun intérêt dans la préservation du système en place. Il n’a rien à résister puisqu’il n’a jamais connu le moindre relent de communisme (ce système n’ayant historiquement jamais vu le jour); aussi, quel régime communiste aurait-il à défendre pour opposer sa soi-disant résistance contre l’ordre capitaliste? Nada.

Par ailleurs, résistance et terrorisme ont toujours fait bon ménage au sein des fractions petite-bourgeoises et déclassées, qui cherchent à préserver leur avoir, leur propriété, leur richesse, leur capital. Il est une arme des rivalités impérialistes. Les attentats de Résistance Internationaliste ne font en rien progresser la conscience de classe du prolétariat vers l’aboutissement révolutionnaire. Au contraire! Il sème la confusion programmatique au sein de notre classe; sème la peur; et menace nos vies par des actes douteux.

Résistance Internationaliste fait tout simplement le jeu de la police et de la répression étatique. Le terrorisme ou les actions minoritaires armées ne servent en bout de ligne que les intérêts de la bourgeoisie.

Camarades prolétaires, travaillez à former votre parti de classe internationaliste!

Des Communistes Internationalistes, Montréal. Le 21 juillet 2010


[1] Sur le terrorisme d’État, lire l’excellent article d’août 2005 de la Fraction Interne du Courant Communiste Internationale Terrorisme, anti-terrorisme : instruments de la bourgeoisie dans sa marche à la guerre, en particulier la partie Le terrorisme une arme de guerre de la bourgeoisie.

lundi 12 juillet 2010

Lettre à la FICCI

La Fraction Interne du Courant Communiste International (FICCI) a connu une scission en 2009. Une minorité de ses militants, la Fraction de la Gauche Communiste International (FGCI) continue de se revendiquer pleinement des positions et orientations politiques fondamentales de la FICCI. Quant à la majorité de la FICCI, il lui paraît faux aujourd'hui entre autres de maintenir le projet de « redresser le CCI » et de prétendre vouloir le réintégrer dans cet objectif.

Nous publions une lettre de la FICCI et notre réponse à cette lettre.

Bulletin communiste

Aux CIM

Camarades,

Nous n'avons pas de nouvelles de votre part depuis un bon moment et nous sommes un peu inquiets à votre propos.

Vous savez sans doute que les camarades … ont coupé tout contact avec nous depuis plusieurs mois et, pour notre part (…), nous poursuivons notre travail de bilan et de réflexion sur les causes profondes de la crise que connaissent tous les groupes se revendiquant de la Gauche communiste.

Cette crise se manifeste par une tendance très marquée à l'éparpillement, aux ruptures et rejet des autres, au refus d'aller au fond des désaccords, etc. Le question ici n'est pas tellement de stigmatiser tel ou tel camarade ou groupe de camarades : la question est de faire le bilan, notamment de notre fraction, dans le cadre précisément de cette crise globale de la Gauche.

Face à cette tendance centrifuge au sein du camp prolétarien qui pousse de plus en plus les groupes et individus à oublier ce qui les rapproche pour insister sur les plus petits désaccords (sans vouloir réellement en débattre, de plus) il nous semble que l'urgence du moment est de comprendre le pourquoi de cette dynamique afin de la combattre le plus efficacement possible. D'autant que la situation sociale devient de plus en plus dure pour notre classe.

Faire le lien entre le très faible (voir l'absence) écho que l'ensemble des groupes prolétariens ont et ont eu dans la classe depuis plusieurs décennies d'un côté et, de l'autre côté, l'évaluation du rapport de forces entre les classes dans cette même période est sans doute une des pistes de réflexion. La compréhension de la crise économique que connaît le capitalisme et, surtout, le lien entre cette crise et les réactions de notre classe en est une autre. Nous ne parlons de cela que pour illustrer le fait que l'objectif du regroupement des forces révolutionnaires passe par un bilan profond des dernières années.

Il nous paraît faux aujourd'hui (par exemple et simplement à titre indicatif) de maintenir le projet de « redresser le CCI » et de prétendre vouloir le réintégrer dans cet objectif, comme le maintiennent les camarades minoritaires de la Fraction (ce qui a motivé notre « mise à l'écart »), alors :

* que le BIPR (maintenant TCI) connaît le même type de difficultés que les autres courants de la GC (exclusions/séparations dans la confusion...),

* que le PCI (le prolétaire) semble mal en point lui aussi (pas de réunion publique en France depuis des mois, presse très irrégulière, etc.)

*que vous-mêmes avez des difficultés au point de réorienter vos activités,

* que la scission au sein de notre Fraction repose pour l'essentiel, sur l'incapacité à poser et à débattre de divergences

Nous travaillons avec plusieurs camarades et groupements partageant les mêmes préoccupations, (par exemple, « Controverses » [http://www.leftcommunism.org], l'Institut O. Damen [http://www.istitutoonoratodamen.it] dont nous vous recommandons les lectures) sur l'ensemble de ces pistes et il nous semble que c'est la seule voie valable aujourd'hui. Ce n'est certes pas la plus « simple », la plus « rapide », la plus facile ; mais néanmoins c'est la voie incontournable dans la période présente, et en particulier si on cherche véritablement à s'engager dans un travail de regroupement des forces communistes autour de bases politiques saines et claires.

Autre chose ; lors des derniers mails que vous nous avez envoyés, vous parliez de vous investir « prioritairement dans un journal d'intervention ». Nous vous avons déjà donné notre avis sur ce sujet, à savoir que nous craignons qu'il y ait dans cette dynamique, une fuite en avant promise à l'échec et au découragement. Nous maintenons ce point de vue et nous regrettons que vous n'ayez pas poursuivi selon l'orientation que nous avions discutée lors de notre rencontre avec un de vos camarades l'été dernier lors de son passage à Paris. Ce camarade mettait en avant le fait que l'appréciation de la lutte de classe que faisait alors la Fraction n'était pas juste. Votre camarade a dû vous dire que nous l'avions encouragé (…) à aller plutôt dans ce sens et à approfondir la discussion sur ce sujet (et d'autres).

Aujourd'hui, nous regrettons d'autant plus fortement le fait que vous n'ayez pas été en mesure de donner suite à cette affirmation ; la question mérite d'être débattue, et commence à être d'ailleurs débattue, vous auriez toute votre place dans ce débat.

Le bilan que nous avons engagé concernant le travail de la Fraction nous a également conduit, malheureusement, à constater que, dans nos relations avec vous, jamais une véritable discussion politique et théorique n'a pu être menée, jamais un échange de points de vue sur la situation par exemple n'a pu être développé, tandis que le centre de nos relations reposait sur des questions plus secondaires (la mise en oeuvre d'un « bulletin de discussion »...).

Ainsi les priorités, du point de vue de la classe ouvrière, les besoins de la situation, ont été mal appréciés et la Fraction porte une immense responsabilité dans cette incapacité à appréhender correctement les priorités de l'heure.

Nous aurions, ainsi, de nombreuses réflexions à vous soumettre, à vous faire partager. Notre message est déjà long. Nous souhaitons recueillir votre avis sur ces quelques éléments. Nous espérons que vous n'aurez pas tout à fait renoncé à toute réflexion collective ou à tout échange entre nous.

Nous vous adressons nos meilleurs encouragements dans la voie que vous avez choisis de suivre, choix que nous respectons.

Soyez assurés de nos plus fraternelles salutations.

Bulletin communiste

Le 30 mai 2010

À la FICCI, 21 Juin 2010

Bonjour camarades,

Nous sommes toujours très heureux d’avoir de vos nouvelles même si nous avons cependant quelques difficultés à vous répondre avec assiduité. Il ne s’agit pas d’un désintérêt ou de négligence de notre part : c’est plutôt le temps qui n’est pas toujours de note côté. Comme vous le savez, nous sommes peu nombreux, et les dernières semaines nous ont vues monopoliser nos énergies à préparer notre présence au Salon du Livre Anarchiste de Montréal. Bien que nous ne partageons pas ce courant politique, il est toujours intéressant d’y mettre les pieds pour faire des contacts, échanger des idées, défendre le marxisme.

Maintenant – et pour vous rassurer – nous avons abandonné l’idée d’un journal d’intervention. En effet, nous nous sommes heurtés dès le départ aux difficultés logistiques et techniques d’un tel projet. Nous pensons toujours que l’idée est pertinente mais pas avec le peu de forces qui composent notre groupe. C’est que notre priorité n’est pas uniquement de débattre avec les diverses organisations issues de la GC ; en effet, nous souhaitons aussi intervenir le plus « activement » possible au sein de notre classe[1]. Bien sûr, nous sommes conscients que de mener le débat avec d’autres groupes fait partie d’un débat plus large au sein de notre classe. Cependant, ce débat doit aussi être porté directement vers la classe, et pas seulement aux organisations dont elle s’est dotée. Nous avons malheureusement l’impression de voir la plupart des groupes, qui se revendiquent de l’héritage Gauche Communiste, sombrer dans le sectarisme le plus bête. Nous ne souhaitons pas une secte pour le prolétariat, mais bien un parti !

Aussi, nous partageons entièrement vos soucis concernant la situation dans laquelle semble empêtrer notre courant et aimerions remédier à cet état de fait. Nous sommes donc d’accord lorsque vous affirmez que : « Il nous paraît faux aujourd’hui (par exemple et simplement à titre indicatif) de maintenir le projet de « redresser le CCI » et de prétendre vouloir le réintégrer dans cet objectif, comme le maintiennent les camarades minoritaires de la Fraction (ce qui a motivé notre « mise à l’écart ). Le problème réside plutôt dans le moyen de s’y appliquer et si ça en vaut la peine. En effet, nous pensons que ce n’est plus en vous comportant en Fraction que vous aiderez le CCI à sortir de son impasse et même tout un courant opportuniste et sectaire de la Gauche communiste. Peut-être vaut-il mieux arracher le plus de membres possibles, des membres qui sont encore un tant soit peu lucides et dynamiques, à cette organisation, le CCI, plutôt que tenter de lui redonner vie ; car après dix années à se débattre sans voir poindre le moindre changement majeur, mieux vaut adopter une autre tactique. En effet, non seulement la Fraction Interne est-elle toujours restée Externe ; mais qui plus est, ce marasme politique auquel on vous a affecté – dans lequel vous avez été « obligé », par la force des choses de tremper, en tant que Fraction – depuis une décennie n’a certes pas aider votre groupe a y voir plus clair. De fait, vous connaissez vous-même, aujourd’hui, une scission. Quand un malheur n’arrive pas seul!

Ainsi, comme plusieurs autres groupes présentement – et malgré les critiques qu’elle a fait sur l’absence de réelles discussions à l’intérieur du CCI – la Fraction a malheureusement donné un exemple pathétique qu’elle n’est pas en mesure de faire mieux pour exprimer ses divergences. Cela ajoute un élément de confusion de plus pour notre classe.

Nous pensons qu’il est toujours nécessaire de critiquer certaines des positions politiques et organisationnelles du CCI tel qu’il est présentement ; mais le CCI n’a pas l’apanage des erreurs, des reculs politiques, de l’opportunisme, du sectarisme et des difficultés internes. La preuve réside entres autres dans la politique de « sourde oreille » que la TCI pratique à notre égard et, pour vous citer, dans les « exclusions/séparations dans la confusion » qu’il connaît présentement. Ces critiques et le bilan que vous devez faire de la FICCI s’avèrent donc nécessaires pour l’ensemble des organisations issues de la Gauche Communiste. Aussi, nous sommes impatients de vous lire à ce sujet.

La TCI comme pôle de regroupement

À présent, nous sommes curieux de connaître votre position à ce sujet : considérez-vous toujours le TCI comme un pôle de regroupement ?

Rappelons d’abord que le BIPR – devenu la TCI – n’a jamais voulu se considérer comme un pôle de regroupement des groupes et/ou des individus issus de la GC, et est même critique quant à l’emploi de ce terme. Aussi, même si nous sommes toujours prêts à travailler politiquement avec celle-ci, nous ne considérons pas qu’elle soit ce pôle de regroupement que vous souhaitiez tant par le passé. Bien que nous sachions qu’il s’agit de l’organisation contenant numériquement le plus de membres, cela n’implique aucunement que son programme soit le plus juste pour notre classe, et qu’elle fasse moins d’erreurs politiques. D’ailleurs, et contrairement au CCI qui expose tous ses psychodrames devant l’ensemble de la classe, la TCI semble plutôt mener des politiques de silences et de secrets. Pour nous, le pôle de regroupement (alias l’embryon du futur parti internationaliste) se doit de mener une politique claire en portant les débats devant la classe, peu importe les erreurs ou défaites qu’il accumule. En ce sens, le CCI du temps de Chirik nous semble plus honnête. Comment un soi-disant pôle de regroupement (TCI) peut-il taire la perte de certains de ses membres en Italie sans que cela ne paraisse dans sa presse [2]? Comment peut-elle garder le silence à ce sujet quant elle se doit d’exposer la situation devant la classe pour éviter tout élément de confusion et garder le programme prolétarien clair et libre de tout malentendu ? Et que dire encore une fois du silence public de tous les affiliés de la TCI sur le comportement opportuniste du GIO.[3] Ses politiques de « mise au point » à notre égard reflètent cette tendance de « faire taire » tout ce qui pourrait ternir son image. Ceci n’est pas de l’amertume, c’est un triste constat. Son attitude sectaire vis-à-vis un groupe autrichien est tout aussi critiquable.

Diffusion commune FICCI, CIM et FGCI et discussions politiques

Vous n’étiez pas d’accord avec le contenu du tract Le prolétariat de Grèce nous montre le chemin ! Quelle est la raison ?

En ce qui nous concerne, nous trouvions que l’absence d’appel au Parti prolétarien – guide de la lutte de classe au-delà des simples revendications économiques dans le cadre du capitalisme – était un grave manque. Cela ne nous a pas empêché de le diffuser largement (2600 copies). Pourtant, dans le tract Les enjeux des luttes en Grèce, que vous avez signé avec d’autres groupes, il y a la même absence sur le parti international. D’ailleurs, il serait intéressant de savoir le nombre copies que ces groupes ont diffusé, ou était-ce seulement de la diffusion via internet ?

Concernant les discussions envisagées entre nous et la FICCI, sur le capitalisme d’État et l’évaluation de la lutte de classes actuelle, mises de l’avant par l’un de nous à Paris, il faut dire que les CIM n’ont jamais entériné cette proposition de discussion. Par le passé, les échanges entre nous et la FICCI monopolisaient jusqu’à 70% de notre temps. Nous avons dû pointilleusement peser chaque mot afin de ne pas recevoir d’épitaphe gauchiste. Cela nous a fait négliger nos propres débats quant à une éventuelle plateforme, de même que nos échanges avec d’autres groupes issus de la GC.

Camarades, nous ne sommes pas contre les échanges politiques avec d’autres organisations issues de la GC ; mais le fait est que nous sommes un très petit groupe qui n’a pas le passé politique de la FICCI, du CCI et de la TCI. Il faut savoir admettre que tous les groupes de la GC ne sont pas formés au même niveau. La dialectique est d’ailleurs la principale force du marxisme. De plus, les organisations politiques ne sont pas toute composées de militants expérimentés ou qui peuvent mettre jusqu’à 100% de leur temps dans le militantisme: en effet, à l’intérieur même d’une organisation, il peut y avoir des militants qui travaillent jusqu’à près de 60 heures/semaines, un travail qui peut s’avérer plus souvent qu’autrement épuisant physiquement et intellectuellement. C’est le cas pour nous actuellement. Comme nous n’en sommes pas malheureusement dans une conjoncture (par une montée des luttes générales de la classe prolétarienne), où les militants seraient appelés à mettre beaucoup plus de temps. Pour le petit groupe que nous sommes, il est important que tous puissent participer aux efforts politiques. Cela explique en partie le retard de nos réponses ; ajoutons à cela le fait que nous ne sommes pas des militants de la GC depuis plusieurs années.

Nous avons aussi l’intention de mettre sur notre blog à l’automne, un espace pour des points de vue divergents à l’intérieur des CIM, non pas parce qu’il y a danger de scission mais plutôt pour la prévenir et donner un moyen d’expression à un point de vue minoritaire s’il y en a un.

L’extrait suivant de l’article Il est minuit dans la Gauche Communiste de la revue Controverses avril 2010 nous a inspiré cette idée.

1-…alors que durant une période d’existence deux fois plus courte (1903-21), les Bolcheviks ont été traversés par une multitude de tendances et de fractions (celles-ci ayant positivement animé leur vie politique car ayant pu librement disposer des moyens matériels pour défendre leurs positions, dans le parti et publiquement, y compris au travers de structures organisationnelles propres).

Maintenant, peut-être êtes-vous en mesure de nous dire plus précisément si la GC depuis 40 ans a eu une influence importante dans une quelconque lutte de la classe ouvrière ? Peut être à l’usine de Fiat de Pomigliano en Italie…

En attendant une réponse de votre part,

Fraternellement,

Des communistes internationalistes, Montréal.


[1] Suite à des échanges avec des travailleurs et de travailleuses d’un hôpital qui ont mis en place un un comité de mobilisations, nous mettrons bientôt un texte sur notre blog.

[2] Quelques jours après avoir écrit ces lignes nous avons trouvé sur le site du TCI sa réponse en anglais : the « Istituto Onorato Damen » A Small Clarification à l’article Point à la ligne de l’Institut Onorato Damien.

[3] Bien évidemment nous saluons cette parution [Du nationalisme à l’internationalisme], d'abord parce que c'est une voix de la Gauche Communiste qui s'exprime face à la classe, mais aussi parce que cette brochure est, du point de vue méthode, un exemple de rupture politique, pleinement assumée, avec un courant de l'extrême-gauche du capital, ce qui n'a pas été réellement fait par certains (suivez mon regard) et qui finit par se payer d'une manière ou d'une autre, un jour ou l'autre.

Pour la Fraction, Jonas 13 mars 2008

Note des cim : Le regard de Jonas se porte sur un militant de longue date du GIO.